
Hina-matsuri. La fête des petites filles.
Le 3 mars, c’est le hina-matsuri, littéralement la « fête des poussins », la fête des petites filles.
C’est aussi le « momo no sekku », le jour de la pêche. Le sekku désigne une date dans le calendrier traditionnel japonais à laquelle il y a un changement de saison : une saison est passée et une nouvelle s’annonce. Quant à la pêche, ce n’est pas du fruit qu’il s’agit mais de la fleur. Une jolie fleur délicatement parfumée, d’une couleur rose pâle. Car dans la langue japonaise, il n’y a pas de mot pour désigner la couleur rose. Ainsi, on parlera de la couleur de la fleur de pêche…avec tout ce que celle-ci peut évoquer.
Voici donc venue la saison où, dans toutes les familles dotées d’une petite fille, on sortira les « hina-ningyo », des poupées traditionnelles représentant un seigneur et sa dame, avec souvent toute une cour, l’ensemble pouvant être très simple comme très élaboré, et comportant souvent les trois couleurs : rose, blanc et vert. Le rose, ou momo-iro, la couleur de la fleur de pêche, protège la petite fille du mal. Le blanc symbolise la neige et sa pureté. Quant au vert, c’est la couleur des jeunes pousses du premier printemps.
On dit qu’il n’est pas bon de sortir les poupées la veille car il ne faut pas être pressé. Le meilleur jour est le « jour de l’eau de pluie (amamizu)», généralement le 19 ou 20 février : c’est le jour où neige devient pluie, glace devient eau. Et il ne faut pas laisser les poupées après la fête, car chaque jour supplémentaire sera une année de plus pendant laquelle la jeune fille ne trouvera pas à se marier…
Que manger pour cette fête ? Souvent du chirashi-zushi ou sushi éparpillé, qui tient son nom de son aspect très mélangé. Il s’agit ici du chirashi que nous faisons en famille, qui ne comporte que des aliments cuits mélangés avec le riz de sushi, et non du chirashi du Kanto, la région de Tokyo, qui est fait d’une variété de poissons crus posés sur un lit de riz vinaigré. Dans ce chirashi pour la fête des filles, nous mettons des crevettes (symbole de longévité), des racines de lotus (pour voir au loin), des fèves (pour travailler longtemps en bonne santé). Nous mangeons aussi des palourdes car les deux coquilles de ce bivalve ne se rencontrent parfaitement que déjà accouplés sur un même coquillage. Et nous grignotons des petits gâteaux secs, faits de riz et de sucre, des arare, toujours en ces mêmes trois couleurs accompagnés d’un peu de thé. Un thé aussi pur et lumineux que chaque jeune fille de l’archipel, qui portera, le temps d’une fête, les couleurs de la neige qui fond, du printemps qui s’éveille et d’une petite fleur de pêche.